Abris de glace

Par la fenêtre (2)

Aux rosées troubles et délétères, frissonnantes, qui naissent au lobe duveteux des porches et des chapelles emblavées d’une solitude flamboyante et noire - j’appose mon œil, sec.
Au limon des fleuves automobiles qui façonnent, rugissants et souples comme des sangles d’acier, la chaussée et l’oreille des gares ; à la crépusculaire rutilance des astres ferroviaires, des comètes, des étoiles fileuses au flanc des horloges ; aux galaxies fracassées de la petite mort ; au galop du soleil sur le front humide des miroirs quand saigne mon poing dans leur ventre dur ; aux trous noirs que sur la mer (au delta du caniveau, la confluence d’une multitude de flaques illusoires) l’insomnie dessine, déchire, obstrue, puis découvre : taches éparses au gré de l’irrespirable carcan de nulle attache (prison de l’éveil) - j’appose mon œil, sec.
A son œil que l’horizon redoute, bleu et noir comme un incendie, comme une absinthe frelatée d’ambre et de musc, d’ambre gris et d’amère salive ; à son œil qui a sur ses crocs recourbés empalé les portes, les poignées de cuivre, les armoires, les chiens et l’orage : tout mon paysage ; à son œil - j’appose mon œil, sec.
Et le dévore.

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