Abris de glace

Par la fenêtre

Opacité du temps meurtri par les poteaux télégraphiques ; de l’espace pris aux rêts des fils électriques et des oiseaux multipliés par avril...
Foulée du ciel en les nuages, la déchirure soudaine et prolixe du bleu liquéfie les sentinelles, le poids d’azur - bruire en les sentines désuètes de la romance, du charroi vertical.
Déjà, les clochers des usines ont pris dans leurs filets une immensité d’étoiles (cantharide d’insectes percés, volages) : rapt aux ailes de la nuit - aigles prompts à la chute (à la chute du jour), ils ont griffé le silence sur l’ongle du toit.
Les rails acérés luisent sous le ventre d’un tramway jaune.
Crisse l’espace au pas décidé de mon regard, étincelle hagarde !
Sacrifié au dard immobile de l’index, le vol honteux des passants, lourd et malhabile, comme une poignée de braises au vent des fossoyeurs et de l’éveil...
Choc (surprise éphémère) de l’œil contre l’horizon nouvellement enfanté par le froid d’avril : trop clair, acharné à la conquête - bruyante progéniture des cimetières aveugles.
Ritournelle infiniment morcelée des fenêtres et des gouttières, du soleil et de la fosse oblongue...
Eclats durs et mortels du gel en le verre écartelé sur la toile des araignées nocturnes ; aux carreaux tranchants d’un rapide miroitement par-delà la trame des échelles, le canevas des rigoles et les jeux des enfants ivres du vin de la boue...
Brisée en son milieu, la paresse d’un rayon d’outre-couleur oscille au cou des potences et dans le jardin des fleurs des étals des boutiques éventrées.
Et sur une couche d’ennui et de terreur aisés s’inscrit la trace immobile, le reflet concave (tombe quotidienne) d’une nudité familière et depuis longtemps rassasiée.
Dehors, par la fenêtre bleue de froid, l’amour se dévoile - et devient invisible.

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