Abris de glace

Le dernier repas de Joël

« Hep ! Joël ! Par ici ! On est là !

— Ohé ! Joël !

— Pousse tes fesses, le Pingouin, v’là Joël.

— Ça va, ça va. Pas la peine de brailler comme si c’était Jésus descendu de la croix.

— T’entends ça, Joël ? Paraît que tu descends pas d’la croix pour nous apporter la lumière comme on croyait tous. Ça c’est vache, hein les filles ? Tout un tas de pécheurs au désespoir, sans même parler des ravissantes pécheresses ici présentes...

— C’est vrai ça, Joël. Moi qui rêvais de te laver les pieds avec du parfum et de les essuyer avec mes cheveux...

.../...

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8 Commentaire(s):

  • Jésus et Judas à la fois? N'est-ce pas là, la dualité de chacun?

    Anonymous Anonyme, le 20 septembre, 2006  

  • Hey! Salut Miss!
    Mon bidule en effet s'inscrit dans ce genre de questionnement, avec référence à Borges et à Apollinaire qui ont tous deux exploré la divinité de Jésus, cette grande image de la dualité: l'homme fait Dieu, Dieu fait homme. Apollinaire (dans L'Hérésiarque) fait des larrons la véritable image de Dieu. Borges (dans Trois versions de Judas), fait de Judas le véritable Fils de Dieu. Ce qui m'intéresse moi c'est la dualité morale de Dieu: sans le sacrifice de Judas, Jesus ne peut pas accomplir son destin et devenir Dieu; l'élévation de Jesus a pour prix moral la chute de Judas, qui à lui seul incarne l'homme en ce qu'il est victime du complot divin. Dieu sacrifie l'homme pour atteindre à sa propre apothéose divine, dans une sorte de boucle logique à la Philip K. Dick typique de la divinité enfermée dans l'immortalité. Dans ma petite histoire, j'essaye de présenter une version "existentialiste" de la chute de Judas: Judas choisit librement de devenir Judas (en se taisant, pas en trahissant) pour permettre à Dieu d'accomplir son destin et de devenir Dieu. Parce qu'il est homme, Judas aime la part humaine de Jésus, sa faiblesse, il la prend en pitié. C'est par amour, et pour rester fidèle à cet amour, que l'homme Judas accepte de devenir Judas l'outil de la divinité de Jésus. Et ce faisant il trahit ses semblables en les condamnant à un culte vide.

    Blogger Eric Ulnar, le 20 septembre, 2006  

  • De la réhabilitation de Judas
    De la nature de Dieu
    Votre lecture de la trahison de Judas n’est valide qu’en tant qu’elle interroge la nature humaine et non la nature divine. Remettre en question la nature de Judas (est-il le traitre impardonnable de Jésus ou est-il celui pas lequel Jésus a accompli son destin de fils de Dieu ?) ne peut revenir à poser le problème de la nature de Dieu à l’aune de cet épisode. En effet, celui-ci ne révèle pas la dualité de Dieu mais celle de l’homme. Dieu ne peut être immoral en tant qu’il est la morale ; il est la loi transcendantale que nous incarnons dans nos actes moraux. Dieu est, parfaitement, sans nuance. Hypostasier la dualité de Dieu, c’est renoncer à la nature même de Dieu. La dualité, le mal sont extérieurs à Dieu et c’est ce qui fait qu’il est Dieu (n’est-ce pas là une mise en application prodigieuse de la théorie des contrastes). Ainsi la nature de Dieu, n’étant pas discutable, c’est bien de la nature de l’homme qu’il s’agit ici.
    De la nature faible des hommes
    Ce que fait Judas en vendant Jésus, c’est faire usage de son libre arbitre d’homme dans le sens opposé de la morale : il vend un innocent. Entendez par là qu’il ne fait pas le mal pour le mal ; il se contente de mésinterpréter la loi morale. Il n’est pas instrumentalisé et il l’est d’autant moins que Jésus le prévient. Lorsqu’on nous montre les ficelles, est-on encore manipulé ? En outre, Matthieu (27, 5) réhabilite déjà Judas en écrivant : « pris de remords, il se pendit peu après sa trahison non sans avoir rendu leurs 30 pièces d'argent à ses commanditaires ». Il ne croupit pas en enfer : l’homme, dans la faiblesse de son humanité, est pardonné puisqu’il a expié.
    De la parabole
    Il suffit de se reporter à l’iconographie de Judas : il est trésorier, habillé de jaune et a une bourse pendue à sa ceinture. Judas représente la tentation à laquelle on cède. Au contraire, Jésus est celui qui résiste et c’est en cela qu’il est digne d’être auprès de Dieu. C’est ce qui rend le sacrifice de Jésus plus grand que celui que subirait Judas si tel était le cas : il surpasse son humanité qui touche alors au sublime et donc au divin. Judas n’est pas sacrifié pour Jésus, c’est Jésus qui se sacrifie pour les fautes des hommes et par conséquent aussi pour Judas. Il est le rédempteur de l’humanité, même si cette humanité est faillible.
    Du libre arbitre de l’homme
    De votre théorie de l’instrumentalisation de Judas à sa déification, il y a peu. Judas est libre lorsqu’il faute et il l’est d’autant plus que Jésus lui a dit qu’il allait fauter. De la même façon, la résurrection est contingente : Jésus sait ce qui va se passer et a le choix d’éviter cet épisode. Or, il use de sa liberté d’homme pour accomplir, non pas son destin, ce qui rendrait caduque l’idée de contingence et donc de sacrifice, mais son dessein. Judas est la figure de l’homme qui fait le mal puis se repentit ; Jésus, celle de l’homme qui, bien que tenté, choisit le bien. Jésus est un homme et dans sa faiblesse d’homme, il est tenté et souffre dans sa chair, mais il choisit le sacrifice pour l’Homme. Que serait-ce que la Passion si Jésus était Dieu ? Après tout, de fils de Dieu, il ne devient divin qu’après sa résurrection. Judas n’est pas déifiable du fait même de ses choix. CQFD.

    Blogger Aurelia, le 21 septembre, 2006  

  • J'ai lu Borgès et c'est une "version" que je trouve très séduisante. Et je partage tout à fait ta définition de schoses. Un définition de plus en plus partagée cela dit, puisque le film "la dernière tentation du Christ" à un petit quelque chose de Borgès.

    Anonymous Anonyme, le 21 septembre, 2006  

  • ouah! ça chauffe, on dirait... Aurélia, quand tu me voussoies ça me fait des trucs partout, viens me faire un bisou ;-)

    Miss: en effet, le film cité s'inscrit dans la même perspective "humaine" qui entend réinterroger la donnée narrative et proposer d'autres cadres moraux pour son interprétation, plus centrés sur la tragédie de l'homme et sur le prix pour l'homme de l'hubris divine.

    La nouvelle a été écrite quand j'étais en prépa à Toulouse et je me rappelle très bien des cordons de cathos qui s'enchaînaient devant les cinoches et qui nous ont gâché ainsi quelques unes de nos trop rares soirées de détente. Je n'ai pour ma part fini par voir le film que des années plus tard à la télé.

    Aurelia: je suis conscient que la construction logique de ce qui sous-tend la narration heurte le raisonnement théologique. C'est tout l'enjeu de mes petits bidules, ces petites machines textuelles que je m'efforce de construire le plus souvent comme des escaliers d'Escher. Du koan naît une autre compréhension, inaccessible au raisonnement et à la conviction.

    Blogger Eric Ulnar, le 21 septembre, 2006  

  • salut. je m'appelle brunella, italienne.
    avec des coppains on vient de créer une révue litéraire qui s'appelle Buràn (www.buran.it), qui traduit et publie en ligne des bloguers etranger.
    si cela t'intéresee et que tu veux plus de reinsegnements, j0aimerais que tu me contactes à mon mail flounder.whistl[at]libero.it

    merci

    Anonymous Anonyme, le 25 janvier, 2007  

  • C'est vachement bien ce que vous faites! Vous devez continuer impérativement. Je viens de me faire publier il y a peu et je peux vous dire qu'on trouve des merdes qui sont beaucoup moins bien que vos nouvelles et qui sont néanmoins dans toutes les librairies...
    cordialement
    Julien Desplanques
    Auteur de "Tableau noir et gyrophare" aux éditions Orphie. Blog:
    http://juliendesplanques.en-normandie.com/

    Anonymous Anonyme, le 04 février, 2007  

  • Bon, mon chéri, il serait peut-être temps de lâcher la-fin-du-film.com cinq minutes pour publier une nouvelle nouvelle. (haha, nouvelle nouvelle : humour, rigolade, grosse poilade !!!)

    Blogger Aurelia, le 04 mars, 2007  

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